En
apparence, la surface entière de la planète est cartographiée,
cependant certains lieux sont négligés, parce qu'ils ne présentent que
de l'océan, ou parce que le territoire est trop uniforme pour en
dresser une cartographie légendée.
La
carte est au centre du travail de David Renaud. Aller aux limites de la
représentation cartographique : le monochrome, les coordonnées; les
toponymes.
Ainsi il s'intéresse aux cartes qui ne présentent que très peu de variations, de reliefs.
Des
lignes et des courbes identiques et monochromes cartographiées, la
forêt dense. Repeindre les cartes avec le moins d'informations
possibles, la mer et la banquise.
Ce
que ne dit pas le territoire, la carte demeure même déconstruite, les
données demeurent, les marteloires, les rhombes et l'absence .
La
carte ne représente que la carte, mallarméenne, est d'autant plus carte
qu'elle ne montre aucun territoire visible qu'elle même.
Dans
une des expositions : des murs tendus de cartes vides avec leurs
coordonnées, ensuite les coordonnées chiffrées des cartes encadrées,
puis la topologie d'ilots inhabités et en monochrome, ne reste que les
toponymes et les coordonnées. " Les éléments de la carte ainsi réduits sont juste suffisants pour la reconnaître comme telle. "
Photographié un matin pale de décembre avec un premier appareil numérique un peu défaillant... Avant démontage sans mémoire.
Un grand projet consumériste décoré de son autocritique :
un centre commercial comme on avait jamais vu dans notre campagne en 1975 * !
Tout baigne..
Mise en boite et en conserve
Déjà le sixième continent
Entrecôte d’azur pour tous
L'image flotte et ne coule pas
Nec mergitur
La fête est finie
L'article Wiki Grand-Place ne cite résolument ni les décorateurs, ni les architectes.
En 1975, un groupe de six artistes travaillant en coopérative, les Malassis réalisera une grande fresque peinte sur les murs du centre commercial de Grand'Place à partir de variations inspirés par le tableau de Géricault, Le Radeau de la Méduse. L'œuvre propose une critique de la société capitaliste dans ce haut lieu de la fonction marchande, les auteurs allant même jusqu'à signifier que « le radeau de la Méduse, c'est le naufrage de notre société de consommation »… L'œuvre provoqua un intense débat dans la presse locale. Elle fut recouverte en 2000 dans la plus profonde indifférence. Vient de paraitre Les Malassis, une coopérative de peintres toxiques (1968-81)catalogue de l'exposition éponyme.
Souvent j'erre dans les biennales en écoutant le bruit des visiteurs et du coin de l’œil, en déambulant, j'entremêle les œuvres les unes aux autres en superposition ou en collision. Plus le mouvement de mes pas...
"Le fer et le charbon sont à mon sens les matériaux qui évoquent le mieux la révolution industrielle, les origines de la civilisation contemporaine." Kounellis
Le manufacturier, le fonctionnaire d'état.
Je pense qu'il y a une police, mais la loi doit être tellement étrange, que je renonce à me faire une idée des aventuriers d'ici.
Le rail, le pilier de fonte de l'architecte
permettent la construction de ces palais de l'Industrie.
Femmes et hommes enfants alors réquisitionnés en masse, comme de la matière première : minerai, bois, jute, houille, métallurgie lourde. Les bateaux, les cargos, les steams-boats ne font rêver qu'aux profits illimités, malgré ce que chantent les poètes de l'époque.
Travail pour tout le monde Grandes inventions industrielles qui permettent à chacun -si pauvre soit-il- d’acheter enfin des biens manufacturés.
Fabrication du verre pour tout le monde, finie la poterie du village. Songe aux millions de flacons et de verres qu'engendrent ces industries pour la vie quotidienne. A boire !
Des villes entières sous le signe du métal, de l’outil, des couteaux.
Transporter, produire & vendre.
Le charbon plus précieux que l'or.
D’un œil fixe où la haine est près d’étinceler.
Ils regardent les sacs mais n’osent pas parler.
Vestiaire ou dépouilles. L'humain en creux.
"Je
suis un éphémère et point trop mécontent citoyen d'une métropole crue
moderne, parce que tout goût connu a été éludé dans les
ameublements et l'extérieur des maisons aussi bien que dans le plan de
la ville. Ici vous ne signaleriez les traces d'aucun monument de
superstition. La morale et la langue sont réduites à leur plus simple
expression, enfin ! Ces millions de gens qui n'ont pas besoin de
se connaître amènent si pareillement l'éducation, le métier et la
vieillesse, que ce cours de vie doit être plusieurs fois moins long que
ce qu'une statistique folle trouve pour les peuples du continent. Aussi
comme, de ma fenêtre, je vois des spectres nouveaux roulant à
travers l'épaisse et éternelle fumée de charbon, - notre ombre des bois,
notre nuit d'été ! - des Erynnies nouvelles, devant mon cottage
qui est ma patrie et tout mon cœur puisque tout ici ressemble à ceci, -
la Mort sans pleurs, notre active fille et servante, un Amour
désespéré et un joli Crime piaulant dans la boue de la rue."
"Est-il étonnant que dans de telles
localités, on néglige de prêter la moindre attention à la
santé, aux bonnes mœurs et même aux règles les plus élémentaires
de la bienséance ? Au contraire, tous ceux qui connaissent bien
la situation des habitants, témoigneront du haut degré qu'ont
atteint ici la maladie, la misère et l'absence de morale. La
société est tombée dans ces régions à un niveau indescriptiblement
bas et misérable. Les logements de la classe pauvre sont en
général très sales et apparemment jamais nettoyés, de quelque
façon que ce soit; ils se composent dans la plupart des cas,
d'une seule pièce - où, bien que l'aération y soit des plus mauvaises,
il fait toujours froid à cause des fenêtres cassées, mal
adaptées - qui est parfois humide et parfois au sous-sol, toujours
mal meublée, et tout à fait inhabitable, au point qu'un tas de
paille sert souvent de lit à une famille tout entière, lit
où couchent dans un pêle-mêle révoltant, hommes et femmes,
jeunes et vieux. On ne peut se procurer de l'eau qu'aux pompes
publiques, et la difficulté qu'on a à l'aller quérir, favorise
naturellement toutes les saletés possibles."