19.1.15

L'école de l'ennui

Sade. Attaquer le soleil 





"J'étais venu là pour voir six mille femmes torturées et 400 bardaches harnachés,(des nouveaux-nés violentés puis grillés...) et je n'ai rien qu' un ennui atroce et des bâillements continus jusqu'à la fin de cette interminable exposition ."
 Fl... Correspondance, p. 176.

 


Bientôt vous pourrez offrir à vos enfants des coloriages, des découpages ou de petits opuscules ludiques autour de l’œuvre et de la personne du Marquis de Sade. Ou bien Construis ton château de Silling.






Il n'est pas étonnant que la dernière épigone du baron André Breton, col-serré s'il en fut, ait à ce point édulcoré,sinon dénaturé,la parole sadienne.


 


Dans cette expo,ne cherchez surtout pas le libertinage,la violence blasphématoire et impie : en tiennent lieu de gentilles images grivoises, aussi vieilles que la religion,de moines biens chibrés enfilant des nonnettes.L'école du libertinage ne fait pas école ....


Pas la moindre allusion non plus à un des fondements  de la narration et de l'argumentation sadienne : la sodomie et son bien-fondé !!! Ni bougres, ni bardaches, aucun échange de ces bons services que savent si bien rendre les valets en cas de cas, ni de ces violences délicieuses à ces hommes de loi répugnants.



Ne cherchez pas non plus de dégustation particulière, aucune gastronomie à rebours ..

Ah si ! J'ai aperçu un fouet brandi alors que d'autres brandissements  s'imposeraient. Aussi quelques Judith  pas forcément de meilleur cru !

Pas de meurtres élaborés, pas de supplices complexes et terrifiants et joyeux.





 Le truc,le tic d'associer diverses citations  d'un peu n'importe qui(j'attendais ce philosophe scandinave, tiens un oubli ? ) avec des œuvres dans la description desquelles  un mot peut figurer, est singulièrement contre-productif,aucune analogie, aucune métaphore,seul un jeu d'associations laborieux et plat.




Sade a payé des graveurs pour illustrer ses ouvrages,exigeant ce qu'il souhaitait dans le trait et les postures. Il y a loin de la connaissance d'un texte à sa mise en image. Encore faut-il voir derrière les mots  et regarder autre chose que le cartouche des œuvres. Aucune violence, aucune sensualité, aucun humour !
Un spécialiste défunt nous manque,lui qui s'effarait encore,après soixante ans de fréquentation,de l' irréductible violence de Sade. .



Alors que reste--il de cette visite ?
Les Lequeu exhibés en dehors de la BN.Beaucoup de dessins d’André Masson venant de collections  particulières.Des œuvres qui se veulent sadiennes par le titre ou par le thème, mais qui puent la commande,l'exercice d’atelier ou la naïveté littérale.
Les gravures de Kubin donnent envie d'en connaitre davantage, celui-ci est en phase avec l'auteur.Et les Tchèques, qui travaillèrent extra muros des territoires du pape parisien.
On se demande ce que fait la Castiglione dans ce boudoir !





Un peu trop de Rops et les Daumier sont particulièrement mal venus...
Le petit théâtre de la mort en Sicile ? Naples ?
Les Goya effectivement s’apparentent aux mystère de la violence sulfureuse de Sade.
Le Sar Peladan, un hasard objectif ! 

Tout le convenu de l'érotisme mondain fin de siècles, peu de découvertes.Rien que du surréalisme parisien de stricte obédience ? Loin des lubricités infernales,lesquelles ne sont pas destinées au grand public.

Aragon et Man Ray pornographes ne sont ni montrés, ni cités : dommage !



Et un public appliqué,silencieux, accablé ou déçu, en vain j'ai cherché un regard complice,un sourire d'ironie  ou d'effroi ...

Commissaires d'expo, encore un effort !
Pourquoi des images, alors que le texte, la parole balaient toute représentation ?

Voir :
La philosophie dans le boudoir, film de Olivier Smolders, en espagnol.

Ah, je ris de  me voir si  forte en ce boudoir 
je pleure de me voir si morte en ce foutoir ! 
Les deux orphelines.
Collages personnels, la guerre de Rousseau, affiches exposées à Echirolles, Mois du graphisme, photogramme Bunuel.

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